Article sur les coops en Suisse Romande

Salutti, je trouve dans la section « ressources » du site de la Marcasserie un lien vers ce long et intéressant article d’un coop Suisse, qui montre bien le dynamisme des supercoops en pays Romand :

Disclaimer : si j’ai bien compris il fait partie des créateurs du logiciel « epicerio » en lien avec « chez Emmy ». Bon je ne suis pas forcément d’accord avec toutes ses analyses, loin de là, mais je trouve ses conclusions particulièrement intéressantes ! À vos commentaires…

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Me voilà démasqué ! :stuck_out_tongue:
En effet je suis l’auteur de cet article… et en effet ce sont mes collègues qui ont conçu l’application qui gère l’épcierie de Chez-emmy dont je suis coopérateur. (et aussi 3 autres épiceries en Suisse romande)

J’ai publié cet article il y a 1 année, je suis en train de faire des mises à jours.
Donc ça m’intéresse de savoir quels sont les points qui te chiffonnent ?

C’était donc toi Fantomartouf ! Alors puisque tu poses la question, c’est parti pour 1/2h de considérations inactuelles…

  • « l’épicerie coopérative » : beaucoup de projets préfèrent parler de « supermarché coopératif », pour donner tout de suite une idée de l’échelle du projet (on considère en général que sous les 400 m2 c’est supérette ou épicerie, et au-dessus des 2500 m2, hypermarché). Mais peut-être que le sens du mot est différent de votre côté des Alpes ?

  • spirale dynamique des visions du monde et holons : je n’ai pas tout compris ! Pour moi avec des bêtes statuts + un règlement intérieur on peut donner un cadre de gouvernance assez précis sans avoir besoin d’aller chercher dans les couleurs ou quoi…

  • choix des outils de com : pour ça chacun.e a sa marotte, la mienne c’est l’AG ! Rien ne remplace la proximité des corps agissants, et c’est un sacré défi à l’ère du covid. Après oui difficile de se passer d’une mailing-list pour prendre et donner des rdv…

  • MLC : là-dessus tu es 100% d’accord avec mes collègues ! D’un point de vue économique c’est certain que l’impact est limité, mais d’un pont de vue symbolique ça me paraît important, si on est capables de gérer en collectif l’alimentation ou l’habitat alors pourquoi ne pas s’attaquer à la monnaie voire à des choses encore plus techniques comme la santé ou la sécurité !

  • producteurs : tu as déjà changé l’article ? En le relisant je suis à 1000% d’accord avec toi alors qu’il me semble me souvenir que j’avais quelques critiques à faire…

  • produits : ce que tu dis est tutafé cohérent mais plutôt avec une échelle d’épicerie qui ne satisfait pas forcément tous les besoins de ses membres. Les projets français qui ont atteint une masse critique ont en général essayé d’avoir une gamme suffisamment large pour que tous.tes aient le choix sans devoir aller ailleurs ! En fait on se dit que quitte à acheter du Nutella ou du Coca, il vaut mieux que la marge aille dans la coop plutôt que dans les poches de Michel-Edouard Leclerc…

  • le pain killer app : certes mais tout le frais aussi ! Le FL et le laitier font venir beaucoup de monde, avec nos faibles marges.

  • les mécènes anonymes : ça n’arrive qu’en Suisse ça :smiley:

  • sur le lien avec le revenu d’existence à partir d’un crédit temps : c’est super intéressant mais il nous manque encore un tas d’étapes pour y arriver ! Perso par exemple je cherche activement des méthodes robustes pour limiter la constitution d’une bureaucratie… mais bon c’est stimulant comme idée !

Dans l’ensemble un très bon article on sent que tu as potassé le sujet. Merci à toi et à bientôt !

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Fantomartouf !! On me l’avais jamais faite celle là :smile:

Tes réflexions sont très très intéressantes. Merci beaucoup pour ce retour.

C’est surtout la différence de philosophie entre la France et la Suisse qui me questionne grandement.

En suisse romande, l’énorme majorité des projets participatifs sont des « épiceries » et pas des « supermarchés ». Sauf peut être à Genève où c’est différent… mais c’est habituel les genevois sont déjà en France pour moi :wink:
Les particularités genevoises ont même un mot officiel (en allemand) « Genferei » (genevoiserie) !
(en fait même les trottoirs genevois sont fait comme en France… alors que c’est comme ça nulle part ailleurs en suisse !)

Bref…
En Suisse on aime le dicton « small is beautiful ». On a une philosophie beaucoup plus décentralisée et répartie. Même Napoléon n’a tenu que 5 ans avec la république Helvétique, il est ensuite revenu en arrière en disant que la tradition de décentralisation est trop forte pour lui !
Ainsi au lieu de construire UN grand magasin on préférera faire plusieurs petits.

Au bord du lac de Neuchâtel, sur 25 km, il y a 3 épiceries participatives et 2 autres sont en préparation. Les gens déjà en place ont clairement refusés de grandir au delà d’une certaine taille. (~200 coopérateurs) Ça transforme l’esprit. Ça complique la gestion du magasin. Ça anonymise la communauté et ne permet plus de faire confiance autant que quand c’est petit.

Du coup notre système de paiement fait confiance aux gens. Chacun fait sa caisse, il entre ses produits sur son smartphone et paie ses produits lui même. A plus large échelle, c’est à mon avis plus risqué.

Une grande différence qu’il y a entre la Suisse et la France, je l’évoque dans mon article, c’est notamment le fait que le marché de la distribution est dominé largement à plus des 3/4 par Coop et Migros qui sont des coopératives.

Donc créer un supermarché coopératif, juste par ce qu’il est coopératif n’a aucun sens. La plus part des gens sont déjà coopérateur des supermarchés dominants. (J’ai ma carte de coopérateur Migros N° 276 428… ouais on est quelques centaines de milliers dans cette coopérative !!) Donc pas d’actionnaire qui s’engraissent avec des supermarchés en suisse. Migros et coop on utilisé leur bénéfice pour bouffer les concurrents et grandir toujours… et aussi pour acheter les golf de suisse et transformer les club sélect en sport familial !
Il y a aussi le « 1% culturel ». Migros redistribue 1% de son chiffre d’affaire comme mécène des arts…

Coop et Migros vendent aussi de nombreux produit exclusivement en commerce équitable (max havelaar) et pour certains produit exclusivement en bio.

Carrefour a tenté par 2 fois de s’implanter en Suisse et à chaque fois ça n’a pas marché… et pas de Leclerc.

Donc les projets de coopérative participative sont forcément faites par des gens qui sont un peu plus « puriste ». C’est pour le local et le bio.

Chez-emmy on a ~ 800 produits différents en vente (pas toujours en même temps, ça dépend des saisons aussi) j’en ai trouvé 3 qui ne sont pas bio ! C’est essentiellement des produits transformé dont une partie n’est pas bio. Comme les tourte de Linz.

Donc forcément avec une philosophie de base de ce style. Ça n’a aucun sens de vouloir y vendre du nutella ou du coca-cola… ça ne se vendrait pas !!

On a déjà des discussion sur les bananes… faut-il en avoir ou non ? Car c’est pas local !
(Mais ça pourrait s’arranger un ami agriculteur qui est aussi un fournisseur de notre épicerie projette de cultiver des bananes !!)

Donc avec Migros et Coop qui dominent le marché tout en faisant la promotion de la culture du social, du commerce équitable et du bio… forcément que les nouveaux commerces participatif seront différent.

Moi je trouve très agréable de pouvoir aller dans mon épicerie et de ne voir que des produits bio. Pas besoin d’aller dans un rayon spécial. Pas besoin de label. C’est la règle de base. Et ainsi on évite aussi l’essentiel des emballages.

Du coup personnellement, j’ai l’immense majorité de ma consommation de nourriture qui vient de là. Et ainsi je mange bio pour moins cher que dans les super marché aux environs et il se trouve que l’épicerie est aussi le magasin le plus proche de chez moi.

Donc voilà un peu ce que m’inspire cette remarque.

Je vois que j’ai déjà beaucoup écrit. Je ne vais pas m’étaler sur tous les points ainsi.

Pour la section producteurs, j’ai rien changé ! … J’ai juste mis à jour les logiciels car il y avait parfois confusion entre 2 module odoo…

Pouf l’AG,… nous aussi on aime bien. La spirale dynamique c’est pour faire réfléchir à plus global…
…mais c’est vrai que ces temps… AG repoussé… seulement des petits comité pour prendre les décisions. Avec une agilité qui nous a permis de mettre en place en qq jours un système de commande à distance sur l’application de gestion. Ainsi on pouvait faire nos emplettes pendant le confinement depuis notre canapé… et les coopérateurs du jours préparaient des paniers qu’on devait aller chercher ou se faire livrer. Avec un soft pour gérer tout ça développé en moins d’une semaine…

J’étais très heureux de ne pas devoir fréquenter les autres magasin avec mille règles contraignantes.

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Héhé c’est ce qui est génial dans nos projets, les déclinaisons du concept selon les cultures locales ! Je connaissais un peu la forte spécificité de la Suisse en général et de la Romandie en particulier, mais là j’avoue que je suis bluffé… c’est absolument génial ce que vous faites. Tu ne voudrais pas venir en parler à la prochaine intercoop en ligne ?

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yop … j’ai pas très bien compris quand aura lieu l’intercoop en ligne… le 30 juin ??
si c’est ça… je suis déjà occupé… mais volontiers à une prochaine.
Il y a une mailing list j’ai vu comment s’inscrire ?

Suffit de cliquer !

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