Bonjour tout le monde,
Les mêmes questions se sont posées à La Source la semaine dernière (je suis la seule salariée). Perso, j’ai fait grève et comme je suis sympa je les ai prévenu (voir image en pj). Je doute que mes employeurs me retiennent une journée de salaire parce qu’ils sont décents, qu’on était en manif ensemble en partie et qu’il y a souvent une différence entre le droit et la justice… Et puis on est dans des coopératives qui visent à inventer un monde plus juste et tout et tout alors commençons à l’intérieur peut-être…
Sur la comptabilisation des grévistes : c’est un exercice sujet à débat dans toutes les professions. Exemple pour l’éducation nationale dont les personnels sont tenus de se déclarer grévistes au moins 48h à l’avance : tu peux compter le nombre de personnes déclarées grévistes, le nombre de personnes dont une journée de salaire a été retenue ou encore compter le nombre de cours programmés qui n’ont pas eu lieu. Le tout est souvent pondéré par des panels sensés être représentatifs de la diversité des établissements français.
Alors forcément, vu que l’écrasante majorité des travailleurs n’a pas l’obligation d’informer son employeur, c’est encore plus sujet à débat. D’autant qu’il est interdit d’écrire sur un bulletin de salaire une retenue pour « grève ». Même si tu es syndiqué, si tu n’informes pas ta section, personne ne le sait.
Complètement d’accord sur le fait que manifester est plus visible que la grève en soi parce qu’on n’est pas cheminots ou raffineurs. Cela dit, même si on a tou.te.s cette schizophrénie entre nos statuts de salariés et de dirigeants / responsables / fondateurs / militants / sociétaires… nous ne sommes pas égaux aux bénévoles en droits et nos contrats de travail nous protègent. Le salariat est caractérisé par un lien de subordination à l’employeur, le versement d’un salaire et le financement de droits sociaux. Les bénévoles ne peuvent donc pas être grévistes puisqu’ils engagent librement et gratuitement leur temps personnel. Admettre qu’ils sont obligés d’être là et/ou subordonnés à autrui ou interchangeables avec un salarié… revient à qualifier du travail déguisé.
A retenir en toutes circonstances :
• les salariés des coopératives sont protégés par leur contrat de travail dès lors qu’ils sont rémunérés pour des missions techniques et non en tant que dirigeants, même s’ils font partie des instances dirigeantes et quel que soit le statut exact de la structure (SCOP, SCIC, Asso, Coop loi de 47). Ils relèvent donc des syndicats de salariés et non des syndicats patronaux (= pas le medef !).
• Attention à vos conventions collectives : souvent, les CCN du commerce nous sont appliquées par défaut par les organismes sociaux (IDCC 2216 ou 1505) alors qu’elles excluent explicitement les coopératives de consommateurs de leur champs d’application. La seule CCN applicable à mon sens est l’IDCC 3205.
Sur le choix du syndicat et de la section, vaste question, ça dépend de ce que tu veux faire, de tes statuts, de là où tu te trouves, du nombre de salariés, de ta convention collective… Il n’y a pas, à ma connaissance, de section syndicale spécifique au coopératives de consommateurs. Du coup, la logique quand la branche n’est pas évidente, c’est :
• de choisir le syndicat local de ton choix (ex pour moi : UL CGT Paris 20 ou Sud Paris 20, idem pour la CFDT ou autres).
• Ensuite, les sections locales doivent normalement identifier le syndicat professionnel auquel te rattacher. D’après un camarade de la CGT, les « isolés » comme nous sont une source de financement importante pour les syndicats locaux, ils ne sont pas toujours très prompts à rattacher.
• J’ai discuté hier avec le représentant de Sud Commerce de chez moi, il confirme qu’on serait rattachés à la fédé dans un premier temps mais ça a peu d’intérêt en termes d’information et de soutien syndical car non spécialisé donc ce n’est pas le but sur le long terme. Nous avons envisagé plusieurs options : les travailleurs des Biocoop ont une section CGT spécifique, chez Sud, le syndicat Asso traite des problématiques proches des nôtres bien que nos statuts sont un cas à part et a un maillage territorial plus important que Sud Commerce.
• Il m’a proposé de lui envoyer la liste des personnes intéressées avec pour chacun.e, la ville, le nom et le siren des sociétés pour voir avec ses camarades comment traiter notre cas. Je serais ravie de me renseigner pour nous tou.te.s si vous voulez.
Bon courage à vous tou.te.s !!
Ouessale
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