Idées pour pérenniser le modèle

Bonjour,

Je suis coopératrice au supermarché coopératif La Fourmilière à St Étienne.
A 45 ans, je reprends des études dans la transition écologique et solidaire et je réalise un sujet de recherche sur le développement des supermarchés coopératifs ou comment faire plus connaître et pérenniser le modèle ?
Mon oral est début juillet.

J’avais fait un questionnaire Forms et un Excel, plusieurs supermarchés coopératifs m’ont répondu et je les en remercie vivement !
Pour les autres, j’apprécierais vraiment votre aide pour mettre en commun nos idées de développement !

D’avance, un grand merci !
Marie

Bonjour marie-boute_lafourmiliere,
Où sont les liens vers ce questionnaire ?
As-tu reçu une réponse de demain_lyon ?
philippe_demain

Bonjour,

Oups, voici le lien !

https://forms.office.com/r/Lbj3SjTbpK

Merci de noter le nom du supermarché dans l’une des premières questions.

Non, je n’ai rien reçu de Demain et votre message tombe vraiment bien !

J’espère vraiment que vous pourrez y répondre !

D’avance, un grand merci.

Marie

Bonjour Marie,
Je ne suis pas vraiment dans un supermarché coopératif puisqu’à St-Denis nous avons trois coopératives alimentaires autogérées qui regroupent 800 coopérateurs et proposent un millier de références au prix d’achat sans aucune marge ajoutée…
J’aimerai néanmoins prendre connaissance de ton questionnaire.
Sinon, je viens de sortir un livre « Les consommateurs ouvrent leurs épiceries » et je suis assez sceptique quant à l’avenir des supermarchés coopératifs dans les villes de moins de 200 000 habitants.
Bien à toi.
Jean-Claude Richard

Bonjour,

Oups, voici le lien !

Merci de noter le nom de votre structure dans l’une des premières questions.

Votre message tombe vraiment bien !
J’espère vraiment que vous pourrez y répondre !

Comment peut-on se procurer votre livre ?

Puis-je vous demander pourquoi vous pensez que le modèle ne fonctionnera pas dans les villes de moins de 200 000 habitants ?
Je suis très intéressée par votre réponse !

D’avance, un grand merci.

Marie

Bonjour Marie
avec plaisir pour remplir le questionnaire, je n’avais pas vu votre demande, je fais ça dans ce week end
Nous représentons le Baudet à Poitiers, ville de moins de 200 000 et effectivement ce n’est pas toujours simple et je suis aussi intéressée de partager le point de vue de Jean Claude
Bonne fin de journée
Dominique

Je viens de répondre… Sinon, j’ai oublié de noter que nous sommes les DIONY COOP à St-Denis dans le 93.
Pour la pérennisation du modèle… C’est très simple et évident. Chaque organisation porte des éléments fédérateurs et des éléments d’exclusion. Parmi les éléments d’exclusion, dans le cas des supermarchés, les prix sont élevés, le lieu est unique sur une ville, une participation obligatoire est demandée, etc… Dans le cas des Diony Coop, nos épiceries ne ressemblent pas au épiceries classiques (mobilier), les coopérateurs font eux-mêmes le total de leurs achats sans aucun contrôle, les portes sont ouvertes si des coopérateurs décident de les ouvrir, etc…
A partir du total des membres communiqués par les supermarchés établis dans les villes de plus de 200 000 habitants, nous pouvons avec un risque d’erreur faible, établir quel sera le nombre maximum que pourra atteindre un supermarché établi dans une ville de moins de 200 000 habitants.
Tu trouveras tout ça dans le livre.
Mes amitiés.
Jean-Claude Richard - barijo@wanadoo.fr

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Salut Richard,

Je me permet simplement de dire que je ne partage pas la description que tu fais du modèle de supermarché coopératif. Je te cite :
"Parmi les éléments d’exclusion, dans le cas des supermarchés, les prix sont élevés, le lieu est unique sur une ville, une participation obligatoire est demandée, etc… "
D’aprés les comparatifs que nous avons fait entre La Cagette, carrefour, Lidl, Biocoop, Naturalia et intermarché de notre quartier, nous sommes plutot bien positionnés. En fait ça dépend des rayons. Nous sommes par exemple clairement les moins chers sur les Fruits et légumes bio et le vrac. Nous sommes globalement moins chers que biocoop ou Naturalia. En revanche nous ne pouvons pas rivaliser avec des gammes de hard discount ce qui peut effectivement paraitre excluant pour les personnes qui sont en situation de grande précarité. Sur ce type de produits je doute fort que les épiceries autogérées comme la votre ne soient pas tout aussi excluantes. Qu’en pense tu ?

Je serais curieux de comparer les prix de La Cagette avec ceux d’une épicerie qui ne fait pas de marge comme la votre pour voir si les plus gros volumes permettent d’amortir nos 23% de marge.

A l’inverse, le modèle de supermarché coop permet de résoudre pas mal de problèmes qui peuvent me sembler excluantes dans le modèle d’épicerie autogérée :

  • les membres peuvent faire toutes leurs courses au même endroit et ne plus du tout fréquenter les autres supermarchés. Nous proposons une gamme large avec tout les produits du quotidien.
  • les horaires d’ouvertures sont fixes et trés larges, ce qui n’exclue pas les gens dont le quotidien est très chargé.
  • Nous sommes en mesure d’assurer la présence en rayon d’une large gamme de produits tous les jours. Nous pouvons receptionner des produits achetés en direct auprès d’une soixantaine de producteurs ce qui leur assure des revenus substantiels et qui permet à une coopérative comme La Cagette de « peser » sur son territoire.
  • la participation est organisée de manière « équitable » gràce aux 3h de participation. Cela évite qu’un petit nombre de personnes fasse l’essentiel du boulot ou bien que la boutique ne soit ouverte qu’aléatoirement. Sur ce point d’ailleurs, je ne partage pas ton avis puisque tu considère que la participation obligatoire est excluante, hors il existe une floppée de régimes d’exemption qui permettent aux personnes qui n’ont pas les moyens de faire leur service de participer quand même (probleme de santé, retraite, congés maternité, binomes…). On essaye de trouver une place adptée aux capacité des gens et personne n’est exclu, sauf si il ne souhaite pas participer.
  • Tu écris écris « le lieu est unique dans une ville ». D’abord ce n’est pas vrai factuellement puisqu’il y a une floppée de projets à Paris et en banlieue. Cela dit tu as raison sur le fait que la démonstration n’est pas faite que le modèle puisse se multiplier de manière suffisante pour quadriller une grande ville… J’espère que nous y arriverons avec le temps, mais pour atteindre la viabilité, il faut beaucoup de temps pour ce modèle donc il va falloir être patients.
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Salut Antonin,…
Je serai à Montpellier samedi… Je vais voir des amis dans le quartier Gambetta !
Je passerai à la Cagette pour te remettre le bouquin traitant des différents modèles. Tu auras de quoi ne pas être d’accord !..
Avec mon amitié.
Jean-Claude Richard

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Super, je lirais tes oeuvres avec plaisir !
A samedi si on se croise.

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Salut Jean-Claude,

J’achève la lecture du livre que tu m’a gentiment apporté. Je suis donc bien obligé de te faire un retour !

Je trouve qu’il apporte des réflexions intéressantes et parle de quelques modèles qui ont l’air super. Donc pour commencer, bravo pour toutes ces beaux projets qui remobilisent les troupes. ça fait plaisir de découvrir tout ça dans notre époque de soumission et de résignation !

Cela dit, j’ai un gros doute à propos des descriptions que tu fais dans le livre pour la simple et bonne raison que je ne partage quasiment rien de ce que tu as « observé » dans les supermarchés coopératifs. Je trouve que ta présentation des modèles de supermarchés coopératifs est biaisée et que tu te permets de mettre tous les supermarchés coops dans le même sac, sans avoir fait le travail d’enquête nécessaire pour que cela se justifie. Tu arrives avec ta grille de lecture, fais quelques séances d’observation dans l’un ou l’autre des projet et conclue sur des vérités générales sur le modèle de supermarché coopératif… c’est bien dommage, vu la diversité de projets et les milliers de participants que cela recouvre.

Pour te le dire franchement, le sentiment que je garde à la lecture de ton livre est : voilà un petit manuel de propagande pour le modèle d’épicerie autogérée et une enquête à charge contre tout ce qui s’en écarte.

Il me semble que le projet de ton livre est de guider les gens qui voudraient monter un projet de vente alimentaire autogéré à choisir le meilleurs modèle. Sur ce plan non plus je ne partage pas tes conclusions.

Si j’essaye de le résumer ton propos :

  • il vaut mieux faire simple que compliqué

  • il vaut mieux ne pas faire de marge sur les produits

  • il vaut mieux ne pas avoir de capital ni emprunter à des banques

  • il vaut mieux ne pas utiliser d’informatique

  • il vaut mieux ne pas avoir d’instances de décision, de salariés, d’élus, de rôles de responsabilités/pouvoir définis,

Ce sont des partis pris qui se défendent philosophiquement mais ils ont des conséquences concrète importantes pour les projet qui les suivent. Il me semble que tu élude ou que tu minimise complètement ces problèmes :

  • des horaires d’ouvertures limitées et dépendante de la présence ou non de membres pour ouvrir (ce qui exclu beaucoup d’habitants)

  • des locaux petits

  • une gamme de produits très limitée

  • des ruptures continues

  • des problèmes de fraîcheurs sur les fruits et légumes/produits frais

  • une impossibilité de vendre des produits ultra-frais (certains FL sont retirés de la gamme/le pain/les produits de la mer).

  • un cumul des responsabilités et du travail qui se retrouve malgrès les beaux principes, très mal répartie.

Pour résumer, l’épicerie autogérée, avec toutes ses qualités par ailleurs, ne constitue qu’un point d’approvisionnement « d’appoint » pour la plupart des participants.

L’expérience humaine de tenir une épicerie autogérée doit être intéressante mais, du point de vue politique et de l’impact sur le monde qui nous entoure, elle est anecdotique. Encore beaucoup plus anecdotique que celle du supermarché coopératif qui le sont déjà beaucoup…

  • les participants d’une épicerie autogérée continuent à aller massivement se fournir ailleurs (et donc nécessairement dans la grande distribution)

  • la plupart des gens de votre quartier ne peuvent matériellement pas participer (horaires limitées, gamme limitée, ruptures)

  • Vous n’êtes pas un débouché important pour des producteurs et vous ne participez pas n’améliorez pas leurs conditions de vie (ou alors de manière infime).

  • Vous n’avez pas d’impact sur la filière et sur les producteurs de ce que vous mangez.

Pour corroborer mes propos je poste en pj des photos prises par une amie lors de sa visite dans votre épicerie le mois dernier. Il me semble que ces quelques photos montrent bien les « limites ». A l’inverse, je suis positivement épaté par les prix que vous proposez qui sont vraiment bien !

Bref, si je devais résumer mon point de vue :

Si vous voulez permettre à vos voisins (et à vous même) d’arrêter de donner de l’argent à la grande distrib, si vous voulez rediriger une partie de votre argent vers des filière agricole vertueuses, si vous voulez vous réapproprier votre circuit d’approvisionnement : montez plutôt un supermarché coop qu’une épicerie autogérée !

Pour ce qui est de l’aventure humaine, des méthodes de travail collective, je ne peux pas juger. J’ai trouvé l’aventure humaine de La Cagette géniale. Idem pour les méthodes de travail et d’organisation collective qu’on a découvert en faisant. Mais je ne saurais pas dire si c’est mieux ou moins bien que dans les épiceries autogérées !

Voilà, la polémique lancée !

Merci Jean Claude, j’espère que tu n’en attendais pas moins,

Boutique bel air 1
Boutique bel air 2
boutique bel air 5Boutique bel air 4Boutique bel air 3

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Bonjour Antonin et bonjour à celles et ceux qui me liront…
Je suis d’accord avec plein de commentaires d’Antonin… Par exemple je suis d’accord sur le fait que notre modèle, du point de vue de l’impact sur le monde qui nous entoure est anecdotique comme, d’ailleurs, les soi-disant « supermarchés » que ne font même pas notre chiffre d’affaires (voir tableau dans le livre). Nous n’avons fait en 2021 qu’un million de chiffre d’affaires en additionnant les ventes de nos coopératives et les ventes de notre AMAP (250 amapiens). Cela peut sembler beaucoup mais Antonin à raison. Dans une ville de 110 000 habitants, c’est insignifiant !
Pour les supermarchés, je différencie bien ceux qui sont des supermarchés par leur surface, leur chiffre d’affaires et les bonnes conditions salariales. Ma seul critique concerne les prix qui sont à peine moins élevés que ceux des enseignes du bio.
Après, je parle des expériences qui se veulent être des « supermarchés » mais qui ne le seront jamais dans la mesure où le bassin de population est insuffisant pour générer le chiffre d’affaires nécessaire à l’équilibre les comptes et a une rémunération convenablement des salarié-e-s. On peut me dire que mon analyse n’est pas la bonne mais il n’empêche que les salaires proposés dans ces « supermarchés » n’ont rien à voir avec les salaires de La Louve ou de la Cajette… De plus, certains commencent à avoir des difficultés d’équilibre d’exploitation (voir le dernier post de la caravane à Montreuil).
Mon propos dans le livre est donc de mettre en garde contre un modèle avec salarié-e-s et marges à 20/23% qui ne peut pas fonctionner dans les villes moyennes et donc de penser autrement les ouvertures à venir. (pour le passé, à chacun de chercher et trouver des solutions).
Enfin je suis d’accord sur le fait que mon livre est un livre de propagande. Je suis un militant anarchiste de 75 ans et je défends une conception du Monde où les citoyens seraient au coeur du dispositif de décision. Non pas en élisant des représentants qui feront à notre place, mais en étant les acteurs des actions qui permettent un fonctionnement horizontal de l’organisation.
Alors, bien sûr, nous ne sommes pas nombreux (un millier en comptant les coop et l’AMAP) mais un millier de citoyens qui font fonctionner deux organisations sans chefs, sans bureau, sans commission, sans conflits et sans assemblée générale depuis 2010 (AMAP) et 2015 (Coop) me semble une belle expérience d’organisation sociale.
Avec mon amicale sympathie.
Jean-Claude Richard

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Bonjour, J’ai lu le dernier livre de Jean-Claude qui m’a intéressé et comme tu le dis, c’est un livre de propagande :wink: assumée et plutôt intéressante !
Je suis partagé entre deux tendances, l’expérimentation collective et sociale de type Dionycoop est vraiment enthousiasmante! mais d’un autre côté comme le dit Antonin, si la gamme de produits est limitée, l’offre « instable », etc, la conséquence est qu’il n’est pas possible de s’approvisionner uniquement à la coop… et donc on se retrouve contrait d’aller dans la grande distribution conventionnelle où dans des boutiques « bio-locales » au produits coûteux.
Bref si la « pureté » autogestionnaire oblige au compromis de rester dépendant du marché conventionnel ???
Jean-Claude pourrais tu donner une idée approximative de la part des appros que peuvent faire les personnes dans les Dionycoop, 40%, 60, 80% ?
et/ou quelle épicerie autogérée « emblématique » pourrais tu proposer de rencontrer dans la région rhône-alpes ?
Merci d’avance !
Vincent

Bonjour Vincent,…
Je suis désolé mais je découvre aujourd’hui tes questionnements…
J’ai déjà répondu en directe à Antonin en ce qui concerne l’offre et les possibilités d’approvisionnement dans nos Coop… Je te mets mon texte ci-dessous :
Nous avons un millier de produits en rayons qui sont complétés par l’AMAP et les achats groupés. Après, certains dont je suis sont dans les deux espaces et je peux t’affirmer que je ne vais plus dans la grande distribution (sauf pour les graviers et les croquettes de mon chat). D’autres par contre font un mixte et nous pouvons le cerner clairement dans la mesure où nous connaissons sur chaque fiche individuelle le nombre de passage et le total des achats faits. Une coopératrice qui a fait 162.40€ d’achats sur les six premiers mois de l’année 2022 va évidemment faire d’autres achats dans d’autres lieux… Un coopérateur qui fait 1 965€ d’achats va moins dans d’autres lieux.
Quant aux gammes limitées et les ruptures, nous avons pour chaque produits plusieurs approvisionnements et il y a toujours des produits en rayons. Les produits en rupture sont des produits qui se vendent peu et qui peuvent manquer une semaine ou deux (nous faisons un réassort complet des boutiques toutes les trois semaines.
Sinon, je comprends pas la phrase sur la « pureté » autogestionnaire !..
Hors du Forum, tu peux me toucher à l’adresse barijo@wanadoo.fr
En toute amitié coopérative.
Jean-Claude Richard