TOUTJUST - Nouvelle chaîne de supermarché 'collaborative', Nouveau modèle?

Une nouvelle enseigne de supermarché TOUTJUST débarque en mars 2023. Déploiement progressif dans toute la France. 300 points de vente d’ici 2027.

TOUTJUST se présente comme une chaine de supermarché collaborative car associée aux fournisseurs, plus précisément : une coopérative qui fait participer les fournisseurs au capital à hauteur de 25% (contre partage de bénéfice).
Le très ambitieux fondateur Fabrice Gerber a fait carrière dans la grande distrib.

Communiqué de presse: Toujust, la nouvelle enseigne de « commerce équitable » - Olivier Dauvers
Interview du fondateur : Nouvelle enseigne / Fabrice Gerber explique le projet « Toujust » - Olivier Dauvers

Faire Savoir Faire > La nouvelle enseigne discount Toujust arrivera en France dès le 1er mars
Extrait article :
Un concept novateur

Le principal avantage des supermarchés Toujust est, bien entendu, de proposer des prix moins élevés que la normale, « tout en garantissant à ses clients une expérience d’achat premium » précise le communiqué. Son positionnement se veut donc discount, et entend défier toute concurrence avec des prix de 5% à 10% moins élevés. « Tout au long de l’année, nos prix sont au plus juste puisque sans accumulation de marges, et notre environnement professionnel est basé sur la confiance sans système de remises ou de pénalités, et sans pression concurrentielle néfaste car une référence égale une entreprise. Dans une logique de long terme, nous avançons sur un pied d’égalité avec nos fournisseurs rassemblés autour d’une centrale d’achat internalisées pour proposer aux consommateurs leurs meilleurs produits au meilleur prix. C’est une façon de leur rendre la place qu’ils méritent tout en valorisant leurs savoir-faire essentiels pour nos sociétés » explique Fabrice Gerber.

Localisés en périphérie de villes de 8 000 à 12 000 habitants, sur des surfaces d’un peu moins de 1 000 m2, les supermarchés Toujust seront constitués d’une offre composée à 70% de marques blanches qui, contrairement aux MDD, ne génèrent pas de coûts supplémentaires pour les industriels (sachant qu’environ 20% seront des marques connues, non achetées après des grands fournisseurs). Environ 7 000 références seront proposées, dont 80% d’alimentaire et 45% de frais. Par ailleurs, 70% de ces produits frais seront Made in France.

À côté, un espace boulangerie-restauration complètera l’offre, en proposant du pain et des viennoiseries cuits sur place, un espace snacking avec des recettes inspirées de la street food ainsi qu’une formule repas pour seulement 3 euros.

Une chaîne de supermarchés collaborative, s’associant aux fournisseurs

En plus de proposer un concept innovant, Toujust permet à chaque fournisseurs – une centaine à ce jour – de devenir actionnaires, à travers une prise de participation au capital de 25%. Ce modèle permet, tout d’abord, aux fabricants coopérants de participer au processus de développement dont ils bénéficient et de donner accès, aux consommateurs, à des produits directement issus de producteurs engagés.

Alors, qu’en pensez-vous ?

J’en pense que c’est bien marketé et que ça surfe sur l’impression que les consommateurices peuvent reprendre le pouvoir.
Ce qui serait intéressant serait de voir à quel point iels vont appliquer de la transparence. :wink:

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Bonjour ! à première vue : attaque massive capitaliste (grande distribution, centrale d’achat, hard discount), médias (bfmtv, capital) ! ça part mal : quid de la coopération, de l’utilité sociale, de l’impact environnemental, de la gouvernance, de la co-construction, de l’intelligence collective, de la lucrativité ? Pas un procès d’intention mais qui derrière Fabrice Gerber ? mais info importante !

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Bonjour,
cela me fait penser à ces marques industrielles qui utilisent les mots « vergers éco-responsables, agriculture environnementale », et autres foutaises pour nous vendre de la m…
Je ne vois rien de collaboratif dans ce projet qui ne sert qu’à transformer les fournisseurs en actionnaires et continuer de faire croire aux consommateurs que l’on peut bien se nourrir en payant toujours moins cher.
En ce qui concerne le Chaudron, nous travaillons en direct mais aussi avec plusieurs intermédiaires (différents grossistes) et j’explique régulièrement aux coopérateurs qui s’en étonnent, que certes nous les rémunérons mais que grâce à eux nous recevons chaque semaine, plus de 600 références d’une très grande multitude de marques en ne déplaçant que 6 à 8 camions contre peut-être 400 si nous travaillions en direct.
La seule bonne idée que je retiens de ce projet est l’installation d’un bureau de poste dans chaque magasin (entendu sur BFM).
Bonnes journées !

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1/ Fabrice Gerber (Toujust) : Distribution, Toujust promet des prix « jusqu’à 5 à 10% moins chers » - YouTube
Le fondateur y croit dur comme fer: il voit son projet comme le contre pied du modèle de la grande distrib classique qui pressurise ses fournisseurs.
Le deal dont lui parle avec les fournisseurs serait:

  • vous nous vendez vos produits à un prix le plus ‹ juste › possible (sous entendu ‹ bas ›)
  • nous vous garantissons ne jamais faire appel aux marges arrières, faire payer les bons de réduction, la place en catalogue, votre place en rayon etc …
  • la contrepartie sera une prise de participation du fournisseur dans le capital à hauteur de 10% du chiffre d’affaire qu’il réalisera.
  • un pacte d’associé scellera un fonctionnement entre nous.

2/ Son ambition ne s’arrête pas là puisqu’il lorgne aussi sur le réseau des magasins spécialisés BIO.
Le magazine ‹ Linéaires › a annoncé qu’il prévoyait de racheter le réseau des magasins BIO ‹ L’eau vive › (55 magasins) pour dupliquer le modèle.
Le fondateur de Toutjust y affirmait que l’offre de rachat avait été acceptée par l’enseigne bio et qu’il était désormais en négociations.

L’information a cependant rapidement été nuancée par fondateur de l’ Eau Vive’, dans le journal ‹ Circuit bio › :
Exclusif : L’Eau Vive annonce être en discussion avec plusieurs repreneurs / Vie des enseignes (circuits-bio.com) (20 janvier 2023)
''L’enseigne bio dirigée par Baptiste Cotte dément être entrée en négociations exclusives avec son PDG Fabrice Gerber. L’Eau Vive confirme néanmoins être en discussion avec plusieurs repreneurs potentiels’’

A suivre …

Quelques nouvelles …
L’aventure Tout Just risque de tourner court … Fortement endettée, l’enseigne vient d’être placée en redressement judiciaire 6 mois après l’ouverture de son premier magasin.

Six mois après son ouverture, le discounter Toujust pourrait mettre la clé sous la porte (entreprendre.fr)

Toujust (Tazita Holding), enseigne de la grande distribution low-cost vient d’être placée en redressement judiciaire, six mois après son lancement.
Même si le tribunal de Créteil a donné un sursis de 6 mois à l’enseigne et à son PDG, Fabrice Gerber, le constat est là : l’aventure Toujust arrive à son terme. Le concept de Toujust était de proposer de bons produits au juste prix (entre 5 et 10 % moins cher), en associant les fournisseurs. Si l’idée est séduisante sur le papier, dans la réalité économique du moment, cela s’est avéré impossible à mettre en place ; ni les partenaires ni les clients n’ont suivi.

Une dette de 3 millions d’euros en six mois pour Toutjust

Six mois plus tard, avec ses 5 magasins, Toujust va probablement baisser le rideau. L’enseigne, à travers la holding Tazita, est actuellement dans l’incapacité de régler ses fournisseurs et même ses 80 salariés (une dette de 3 millions d’euros). Pourtant, son PDG, Fabrice Gerber, veut encore y croire.

La période de six mois accordée par le tribunal doit permettre,
d’après lui, de trouver de nouvelles solutions et certainement de nouveaux investisseurs, notamment un qui, d’après le PDG, devrait suivre. On ne sait pas, à l’heure actuelle, si l’ensemble des salariés et les cinq magasins seront repris. L’affaire semble mal engagée, car, depuis peu, une autre enseigne va voir le jour sur le même concept, Atacadao, avec comme propriétaire le Groupe Carrefour (ouverture début 2024).

Les objectifs de Toujust étaient très (trop ?) élevés : son PDG ciblait une ouverture de plus de 70 magasins d’ici 2024 et de plus de 300 en quatre ans.

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Pour aller plus loin dans l’analyse, voici un article du blog d’Olivier Dauvers :

Toujust est (déjà) en redressement judiciaire - Olivier Dauvers

Je l’ai révélé hier sur mon fil X, Tazita Direction Nationale est officiellement en redressement judiciaire depuis mercredi, faute d’être parvenu à convaincre un nouvel investisseur de remettre au pot pour relancer Toujust. Si l’histoire n’est pas encore officiellement terminée (le tribunal a donné 6 mois à Fabrice Gerber, le porteur du projet), l’aventure Toujust a déjà beaucoup d’une saga tristement rocambolesque.

Le concept était séduisant et l’ambition immense (plus de 300 magasins en 4 ans). Mais Fabrice Gerber n’étant pas parvenu à valider le premier, la seconde restera du domaine du rêve. Sept mois plus tard, le réveil est rude : la branche opérationnelle de Tazita est en redressement depuis hier. Le tribunal de Créteil laisse 6 mois à l’entreprise pour tenter de se refaire une santé. Ce à quoi Fabrice Gerber veut croire, étant, selon ses dires, dans la perspective d’un refinancement à hauteur de 5 M€.

Au regard de l’activité dégagée par les 5 Toujust, qui n’atteignent pas les 1 000 € certains jours selon mes informations, la partie n’est pas très bien embarquée… pour le dire sobrement (comme je suis le seul journaliste à être revenu régulièrement dans chacun des magasins, je parle en toute connaissance de cause).

En fait, Toujust n’a jamais vraiment été au rendez-vous. A la constitution de Tazita Coop Food, la coquille juridique accueillant les participations des fournisseurs, début février 2023, il n’y avait que 20 souscripteurs, dont la moitié de grossistes. Loin de la myriade de PME fabricants de bons petits produits français annoncée. 20 souscripteurs dont un investisseur, Alain Choucair, via sa société londonienne, en possession de 55 % des parts à lui seul.

De l’aveu même de Fabrice Gerber, ses partenaires se sont rapidement fait tirer l’oreille pour mettre au pot. Mi-mai, sur les 5 M€ de capital fournisseurs attendus, Tazita n’avait encaissé que… 150 K€ dixit le fondateur (comme je l’avais révélé ici). D’autant plus gênant aux entournures que Tazita a été créé avec peu de fonds propres, mais affichait un staff et un train de vie à la hauteur de ses ambitions. L’enseigne comptait déjà deux directeurs des ventes avant même d’avoir ouvert son premier magasin, pour ne citer qu’un exemple. Et un DG (Jean-Charles Fhal) ainsi qu’un directeur achat (Stéphane Delaunay) capés dans le métier… repartis aussi vite qu’ils étaient arrivés.

L’inauguration précipitée d’Alès, avec 18 collaborateurs mais sans la marchandise escomptée, un back office folklorique (prix au kilo manquants, articles qui ne passent pas en caisse, etc.) et une promesse prix non tenue a rapidement donné le ton : après une ouverture aussi médiatique qu’euphorique, la fréquentation est retombée comme un soufflé. Deux semaines après l’ouverture, Fabrice Gerber envoyait un email sans nuance à ses cadres : « Veuillez prendre note de ce message : Notre produit frais c’est de la merde. Les assortiments sont trop grands. Nous avons de la casse à dégueuler […] La cave à vins est à démonter, le linéaire viande est à retirer, le linéaire fruits et légumes est à retirer, les bacs surgelés seront mis en froid positif avec la viande et le poisson dedans […] ». Comme disait Audiard, c’est du brutal !

La spirale infernale était enclenchée. Et le doute dans la tête de nombreux fournisseurs partenaires mué en certitude. Car faute de cash, Tazita s’est avéré un bien mauvais payeur. Avant-hier, le tribunal de commerce de Créteil a officiellement fixé au 30 avril 2023 la date de cessation de paiement. En mai pourtant, Fabrice Gerber annonçait à ses mêmes fournisseurs-actionnaires « que 7 banquiers veulent financer du bas de bilan à hauteur de 6 millions d’euros ». Et encore mieux, « 10 M€ proposés par un fond qui vient de nous signer son accord définitif avec versement des fonds sous 10 jours », contre une partie de parts de holding des fondateurs. Aujourd’hui, Fabrice Gerber explique avoir été victime d’un faux. “Oui, j’ai cru à ce refinancement, m’a-t-il expliqué hier au téléphone. Quand on vous promet 10 M€ avec un logo BNP Paribas sur le document, vous y croyez. Or c’était un faux“.

Même les prestataires de la première heure en sont donc pour leurs frais : le cabinet de recrutement qui a officié pour Fabrice Gerber fin 2022 aurait toujours 35 000 euros de factures en souffrance. Et tous les fournisseurs, des vêtements de travail au matériel en passant par la société de gardiennage et, bien sûr, des produits de toutes sortes racontent la même histoire. Des dizaines d’appels et mails de relance restés lettres mortes, des promesses de paiement non tenues, des échéanciers à rallonge, des mises en demeure. Et même des copies d’écran de virements fantômes, jamais validés en banque, pour tenter de calmer le jeu. Avec, au bout du compte, beaucoup de PME modestes dans le dur. D’où, évidemment, les problèmes d’appro XL rapidement apparus dans les magasins que j’ai chroniqués ces derniers mois (revoir ici).

Comme si cela ne suffisait pas, Fabrice Gerber voulait développer une marketplace et se lancer à l’international, faisant miroiter des demandes sur le marché asiatique, sur le continent africain, au Portugal, en Espagne, en Suisse. Il a cherché à racheter les 45 Max Plus finalement repris par Tedi en août. Et s’est lancé dans des diversifications surprenantes. Le food truck et le magasin gros volumes à Alès ont fait long feu l’un et l’autre. Encore mieux (ou pire), la centrale d’achat de Tazita a pris le contrôle avant l’été d’un de ses fournisseurs en charcuterie, Tradition et Terroir du Sud-Ouest (TTSO), une entreprise en difficultés. Avec une trentaine de personnes sur le site de l’usine à Villenave d’Ornon (33) et 5 corners exploités chez Monoprix.

Déjà mal en point, TTSO se retrouve à son tour au bord du gouffre. Les salaires d’août ont été payés en plusieurs fois. L’entreprise a des difficultés pour s’approvisionner en matière première. Faute de came, le chiffre d’affaires chez Monoprix aurait été divisé par 5 le mois dernier selon mes sources. A l’instar des offres à – 50 % sur l’alimentaire chez Toujust, c’est donc foire à 2,50 € du kilo (vous avez bien lu…) cette semaine chez TTSO/Monoprix pour faire rentrer du chiffre et du cash. Et, là encore, je peux en témoigner. Aujourd’hui à Monoprix Toulouse (où j’ai le déplacement pour le voir de mes yeux !) , dans le corner TTSO il y a du boudin, du rôti de porc et des pâtés à 2,50 €/kg (alors que les pâtés sont habituellement à plus de 15 €/kg). Tristement rocambolesque vous dis-je.

Merci pour le partage Nadia, j’ai bien ri… avant de finir par grincer un peu des dents, parce que pas mal de choses racontées dans cet article m’ont rappelé des souvenirs de Système U et Carrefour ! La distribution est vraiment un milieu sans foi ni loi. Très intéressant le blog Dauvers d’ailleurs !

Tu penses à quoi plus précisément ?

Olivier Dauvers est très prolifique. Il est je trouve un des mieux informés sur la grande distribution : il a un gros réseau, il est un des rares à aller fréquemment sur le terrain et à ne pas se contenter de stat. ou bien d’interviews pour poser ses analyses …
Ca donne des analyses précises, parfois critiques et assez pointues.
J’encourage tout le monde à suivre ce blog !

Des pratiques commerciales et managériales limite limite ! Une culture toxique de l’offre, où on surachète et survend n’importe quelle « came » (je hais ce mot) à n’importe quelles conditions, et où l’agressivité commerciale jusqu’à l’intérieur des équipes tient lieu de valeur unique, avec un genre de hargne bornée comme attitude principale. Tu vois ce que je veux dire !?

Un exemple entre autres, le nom donné à une campagne par le manager d’un rayon boulpatindus dans un Hyper U : « NIQUE LA BOULANGE »… pour me défouler, j’avais commencé mais jamais fini une nouvelle puisant largement dans mes expériences drôlatiques et misérables, qui décrit les tribulations d’un jeune chef de rayon aux dents longues et à l’intellect limité dans un grand groupe fictif de distribution, ça s’appelle « tête de gondole » !

NB : tout le monde n’est pas comme ça bien sûr, et il y a, dans la distribution comme partout ailleurs, des personnes magnifiques qui gagnent à être connues. Mais dans mon vécu au début des années 2000 elles formaient une minorité !

Haha, on veut lire « Tête de gondole » !
Fais péter Julien.

J’ai cherché dans les archives sur disque et pas trouvé, du coup je pense que c’est sous forme manuscrite, c’est dire si ça remonte ! Considérant que l’impact de cette scorie sur l’histoire de la littérature mondiale sera exactement égal à zéro, je vais la laisser dormir dans son carton, et te propose une session de théâtre-forum syndicaliste à la place lors de mon passage montpelliérain l’an prochain, ça sera certainement plus intéressant !

Ouaa je suis estomaqué par les dommages collatéraux de cette epopé rocambolesque! :open_mouth:
C’est fou comment les délires d’un PDG trop ambitieux ont menés à la perte de salaires, d’emplois et au crash d’autres entreprises!
Bon dans tous ça il y a un dommage collatéral positif, c’est la perte de chiffre d’affaire de Monop’ ! :smile:
Merci Nadia pour ce partage!

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Si tu change d’avis et sors du carton « tete de gondole », je veux aussi la lire! :grinning:

Ça ferait une bonne insulte ça « Tête de gondole », je n’y avais jamais pensé !

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Bon, la messe est dite. Sans surprise, Toutjust a été liquidé en novembre dernier, moins de 9 mois après l’ouverture du premier magasin …
La faute au modèle ? A une gestion et des choix stratégiques chaotiques ? Les deux ?

Faute de repreneur, les cinq magasins de l’enseigne Toujust ferment définitivement leurs portes (lefigaro.fr)

Fort de sa stratégie «petits prix», l’enseigne tablait au début de l’année sur l’ouverture de 70 magasins en France d’ici 2024. Acculée par plusieurs millions de créances, Toujust a finalement été liquidé, sans perspective de reprise.

C’est peu dire que la trajectoire de Toujust aura été fugace. Cette enseigne de la grande distribution a été lancée en fanfare au début de l’année, avec l’ouverture au mois de mars d’un premier point de vente à Alès, dans le Gard. Placée en redressement puis en liquidation judiciaire le 10 novembre, Toujust n’est pas parvenu à attirer de repreneurs suffisamment solides pour assurer la survie de l’enseigne. Les cinq magasins de la chaîne auraient tous baissé le rideau définitivement mercredi à minuit, selon les informations recueillies par BFMBusiness et Capital.

Jusqu’au bout, le dirigeant s’était montré confiant quant aux perspectives de redressement de Toujust. «Cette période d’au moins six mois va nous permettre de travailler sur de nouvelles pistes, tout en étant accompagné par notre mandataire judiciaire », confiait-il le mois dernier au magazine spécialisé LSA. Fabrice Gerber déclarait compter «sur le soutien d’un fonds d’investissement prêt à suivre l’entreprise ». Mais la mauvaise situation financière de l’enseigne, qui a accumulé plusieurs millions d’euros de dettes auprès de ses fournisseurs, a sans doute dissuadé les repreneurs potentiels.

Objectifs mirobolants

Avant de sombrer, Toujust pourtant s’était illustré par l’originalité de son positionnement. En pleine crise de l’inflation, l’enseigne avait tout misé sur des prix au rabais, promettant d’être «au moins 5% moins chers que (les) concurrents», pourtant déjà engagés dans une féroce guerre des prix. À l’annonce de son lancement, Toujust évoquait une boîte de six œufs vendue à 1 euro à peine ou une bouteille de champagne proposée à moins de 11 euros. Tournant le dos au modèle des hypermarchés, l’enseigne avait misé sur des magasins de moins de 1000 mètres carrés en périphérie des villes moyennes (autour de 10.000 habitants), à l’instar d’Alès, première implantation du distributeur. Au plus fort de son succès, l’enseigne tablait sur l’ouverture de 70 magasins en France avant le 31 mars 2024 et une vingtaine en Suisse.

Pour garantir cette politique de prix ambitieuse, Toujust s’est bâtie sur un modèle économique original consistant à supprimer les intermédiaires entre fournisseurs et distributeurs. «Avec au moins trois intermédiaires supprimés comme les grossistes, les semi-grossistes ou encore les centrales d’achat, on a vraiment la capacité d’être moins cher», expliquait à l’époque l’entrepreneur. Les fournisseurs ont investi au capital de l’entreprise en contrepartie d’un engagement commercial dans la durée en plus d’une partie des profits putatifs. Mais la collaboration n’a pas tardé à s’envenimer: le mois dernier, le PDG de Toujust reprochait à l’un des fournisseurs de ne pas avoir tenu sa promesse d’un investissement de 10 millions d’euros. L’entrepreneur regrettait dans les colonnes de LSA d’avoir «été trop crédule». Un proche du dossier évoquait quant à lui auprès de BFM Business «des décisions de gestion particulièrement contestables» conduisant à une dette de plus de 5 millions d’euros.

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