Salut Mathias, pour répondre à tes questions très rapidement : ne te prends pas trop la tête avec ça !
Pour détailler un peu plus : pour d’évidentes raisons de traçabilité sanitaire, la vente à des intermédiaires de viande, lait ou d’oeufs demande en effet un agrément de la part de la DD(CS)PP. C’est une paperasse pas trop compliquée que le.la producteur.trice doit remplir avant le début de son activité ; mais il s’agit de sa responsabilité en propre, pas celle de ses distributeurs !
Ce qui se passe souvent, au montage du projet de supercoop, c’est qu’on travaille avec des petit.e.s producteurs.trices proches de nous, qui commercialisent tout ce qu’ellils font en « remise directe » (marché, amap, GA), ce qui les dispense de pas mal d’obligations. Donc si on est leur première boutique, il faut (entre autres) attirer leur attention sur cette démarche administrative, qui n’a rien d’insurmontable en soi.
Certes, la loi s’applique à tous.tes, mais en l’occurrence celle-ci est surtout faite pour les gros producteurs.trices en ultraintensif, histoire de cadrer un peu ce qui se passe et ne pas se retrouver tous les trois mois avec de la grippe aviaire, du SRAS, de la tremblante du mouton, des Escherichia coli, de la listériose etc. La position de beaucoup de petits producteurs.trices (notamment à travers leur syndicat) est que les normes doivent être assouplies lorsqu’on est à une échelle locale et paysanne, en gros, qu’il faut rendre à l’agro-industrie ce qui lui revient. Comme habitant du Jura tu dois par exemple bien connaître les luttes politiques autour du lait cru ou de la durée d’affinage des fromages !
Ce que j’ai pu constater en cinq ans de Cagette, c’est que (au moins chez nous à Montpellier) les agent.e.s contrôleurs.euses de la DDPP sont des êtres humains normaux, loin d’être con.ne.s, et qui comprennent plutôt bien ces enjeux. En l’occurrence, la seule anicroche que j’ai eue, c’est un producteur moyen (6 salarié.e.s dans son exploit’ et sa fromagerie avec beaucoup de transfo) qui n’avait pas, au bout de plus de deux ans de travail avec nous, l’estampille sanitaire, et pour lequel un DDPPiste en visite officieuse nous a dit qu’il l’avait dans le collimateur. On lui a passé l’info, il a appelé le type, ils se sont arrangés je ne sais pas comment, et on continue à vendre ses produits sans estampille. Donc tu vois, ce n’est pas si compliqué !
En dernière analyse, le risque maximal que tu prends dans ta coop en y proposant des produits non estampillés est que lesdits produits soient retirés de la vente en cas de contrôle inopiné de la DDPP. Mais en général, ils continuent à faire du conseil même s’ils n’en ont officiellement plus le droit, je veux dire que si jamais ils constatent des écarts, ils vont commencer par faire des recommandations et pas sortir les grosses sanctions tout de suite. Sauf pour les DLC, là ils sont impitoyables (et ils ont parfaitement raison, c’est à la fois très simple à gérer et très dangereux si on ne le fait pas !) Donc ma conclusion là-dessus est que ce n’est pas un sujet prioritaire pour ton ouverture !
Bon courage à vous, je suis très près de Lons à la mi-août je passerai peut-être voir le chantier !