Le choix de l'outil de gestion des coopératives

Hello,

La Louve depuis quatre ans une version complètement adaptée aux supermarchés coopératifs sur le modèle Parkslope. L’outil a coûté 200k€ et nous le mettons à disposition il est aujourd’hui utilisé dans les supermarchés les plus avancés en France (Lille, Montpellier, Bordeaux et Toulouse). Lille et Montpellier ont contribué financièrement à l’outil, Toulouse est en train de débloquer des fonds et Bordeaux va le faire dès que possible.
FoodCoops est Open Source donc librement accessible sur le web. Les salariés peuvent se rendre à La Louve pour le voir fonctionner et même y être formés gratuitement… A la Louve c’est bientôt 4.5M écritures comptables, 8000 coopérateurs dont la moitié actifs. Toutes les briques sont gérées (interfaces balances, TPE, Achats, ventes, compta gestion des membres, espace membres, gestion du frais, mailings, etc.)

Pourquoi réinventer la roue en faisant porter les coûts de mise en place (y compris sous forme du travail énorme que ça représente pour les salariés et bénévoles) sur vos coopératives plutôt que d’utiliser ce qui existe déjà ?

J’aimerais comprendre les motivations. J’ai l’impression qu’on a un problème de communication entre nous mais également que certaines personnes au sein des coopératives veulent se faire plaisir en bidouillant une solution propre au détriment de l’intérêt général de leur coopérative.

Du coup je suis à l’écoute, n’hésitez pas à exprimer franchement votre point de vue sur le projet et peut-être sur la manière qu’on a de le présenter car sincèrement je suis dans le flou.

Merci à tous,

Simon

3 « J'aime »

Simon, le coût de mise en place d’Odoo est très élevé pour une coop qui démarre. Partir sur un outil plus simple peut sembler plus accessible au départ.
En ce qui me concerne, je pense que si chaque coop a à se poser ses propres questions, nous avons tout intérêt à mutualiser.
Il serait intéressant qu’une coop qui démarre puisse disposer d’un Odoo basique avec de la doc et du support. On a pas mal oeuvré pour rassembler ça sur le wiki et le forum. Si une coop souhaite se lancer sur Odoo avec de l’aide, je suis volontaire pour aider… ce qui nous aiderait à mesurer ce qui manque à ce stade de notre mutualisation.

bonjour,

le Baudet à Poitiers est en phase de démarrage. (ouverture du lab début 2019)
nous souhaiterions découvrir et se former à Odoo. Est-il possible de planifier cette formation ?
En terme de ressources et de temps de travail, est ce que vous avez une estimation pour la base de 400 membres.

pour en reparler
Johan

Johan,
Le mieux c’est de me contacter pour en parler simon.jejcic@gmail.com
06 62 90 30 49

Hello,
Pour le tout début, si on parle de faire des ventes et de gérer une participation des membres pour donner un coup de main sans caractère obligatoire lorsque le point de vente ouvre quelques demi-journées par semaine, il n’est pas nécessaire d’utiliser FoodCoops. On peut très bien s’en sortir avec n’importe quel POS pour quelques dizaines d’euros par mois et par exemple des outils Google pour indiquer qui sera là quand.
Le vrai enjeu c’est quand on passe en statut coop, que l’on doit enregistrer des souscriptions et qu’on passe sur un fonctionnement plus structuré avec une gestion des stocks millimétrée, la nécessité de générer automatiquement des commandes de réappro, de synchroniser les balances, les TPE, de mettre à jour les étiquettes rayons, etc.
On s’appuie aussi sur tous les membres qui doivent faire leur part sinon le modèle ne tient pas. Il faut donc mettre en place le module de gestion du travail, avec toutes ses règles complexes d’équipes classiques et volantes, de pénalités, de congés, d’assouplissements sur certaines périodes, de statuts et de droit à acheter. Et la gestion des droits qui fait que l’on peut déléguer la saisie à des bénévoles avec une formation minimale.
Si je ne prends que cette partie le module a coûté peut-être 50k€ + l’espace membres 10k€ pour que les membres accèdent à leurs informations, puisse s’inscrire en ligne ou échanger leurs créneaux.
Dès le stade de la surface intermédiaire il faut avoir un outil qui permet de gérer tous ces aspects sous peine d’épuiser les salariés et de démotiver les membres, bref de mettre la coop en danger.

Aujourd’hui l’outil existe et nous ne demandons pas de contribution tant que la coop n’en a pas les moyens. Uniquement lorsqu’elle le peut nous lui demandons une contribution en deux tranches de 5k€ pour participer au financement de NOUVEAUX développements. Cela paraît cher pour ceux qui démarrent mais c’est uniquement lorsqu’ils en ont les moyens qu’ils participent et en attendant ils mettent en place un outil qui gère toute leur activité, qui va les aider à se structurer et leur permettra de parler du concret avec les coopératives qui utilisent le même outil.

Bonne journée,
Simon

Bonjour et merci pour ce message ouvert et cet avis pertinent.

Mes retours sont peut-être mal éclairés car j’ai sans doute raté certaines informations aussi je m’excuse par avance si j’avance des idées qui ont déjà été traitées par ailleurs.

Ce qu’il manque à mon sens est de considérer ce projet comme un produit open source à part entière.
Aujourd’hui j’ai l’impression que chaque Coop a sa propre documentation par exemple, que le développement est fait en vase clos et que les mises à jour sont assez peu maîtrisées dans les différentes coops.

Par exemple à Toulouse on tourne toujours sur une version qui date un peu, et je crains un peu le process de mise à jour qui nous attend prochainement avec l’expérimentation du module membership.

D’autre part, j’ai souvent eu des retours de la part des utilisateurs concernant la qualité de l’interface utilisateur. Celle-ci est assez peu conviviale pour des personnes qui n’en ont pas l’habitude et nécessite donc un bon temps de formation initial (et c’est vraiment top de pouvoir compter sur l’expérience des autres coops), ou de gros développements (10K€ pour le module superquinquin des membres par exemple) afin d’avoir une chose un minimum utilisable pour un coopérateur ou une coopératrice.

Enfin, je trouve qu’une certaine diversité dans les outils peut aider à innover sur ces solutions. Le fait que Odoo soit un gros monolithe qui fait tout ne doit pas restreindre une coop à utiliser d’autres outils (idéalement connectés) sur des sujets pertinents. L’espace membre et la souscription en sont un exemple, et à LCC nous sommes en train de faire un outil aidant à la réalisation des inventaires (mais à l’issue de la session les données sont à nouveau importées dans Odoo qui reste le centre de notre SI).
De plus il y a fort à parier que le coût de développement d’un outil métier spécifique soit plus faible s’il n’est pas intégré à Odoo directement et ne communique avec que via son API.

En résumé, quelques pistes qui pourraient être explorées :

  • une documentation partagée entre coops, et liée à l’outil
  • un peu plus de communication sur les nouvelles versions et la roadmap
  • lancer une réflexion d’UX plus globale sur ce qui pose le plus de problèmes ?
  • mettre en commun les outils de déploiement de la solution (nous utilisons Docker à LCC et pensons créer une image FoodCoops si cela intéresse des gens)
  • documenter les alternatives existantes afin que chaque coop puisse choisir selon son degré de maturité
  • ne pas rejeter les projets qui pourraient graviter autour de la solution pour résoudre des problèmes plus ciblés (par exemple les souscriptions, les échanges de shifts, le chat…) et essayer de les connecter avec le cœur FoodCoops tout de même

Si on se prend à rêver au niveau de l’intercoop on pourrait même envisager un « Product Owner » détaché, voir une équipe de développement qui aiderait sur cet outil spécifique. Les contributions permettraient d’accélérer ces développements avec les prestataires actuels, mais ils ne seraient plus les uniques contributeurs.

Bonne journée,
Pierre

Bonjour à tous,
Chouette sujet !
Je vais apporter la vision Grenobloise « dissidente » ici. :slight_smile:

S’ouvrir
Si l’on commençait par intégrer et accepter qu’il existe plusieurs modèles de super marché coopératif, et qu’aucun de ces modèles ne peux être considéré comme LE modèle à suivre ?
L’une des plus belles choses dans ces aventures collectives n’est elle pas l’expérience de la construction coopérative locale ?

L’éléfàn est associatif (ce n’est PAS une coopértive). Il est indépendant : il vit sans aucune subvention.
L’épicerie est autogérée bénévolement. La présence d’un salarié n’est pas requise pour une journée de vente ordinaire.
C’est à dire que tout doit être à la portée de tous les membres.
Le projet Grenoblois ressemble aux Grenobloises et aux Grenoblois qui le peuple.

Comprendre les motivations
Pourquoi est-ce que les projets, même différents, ne peuvent-ils pas partager la même solution technique ?
Pourquoi ne pas partager et s’entraider si cette solution est adaptée ?
Mais est-ce que cette solution technique est adaptée ?

C’est cette dernière question que nous nous sommes posé il y a presque 2 ans ici à Grenoble.
De quoi avons nous besoin ? Pas nécessairement indépendance totale, mais certainement d’une autonomie complète et d’une grande flexibilité. Nous souhaitons, bénévolement (c’est à dire sans dépenser un euro) être capable de faire évoluer rapidement, sans contrainte et de manière autonome nos solutions.
Odoo ne nous convenait donc pas.

Passer le POS à l’échelle

Le vrai enjeu c’est quand on passe en statut coop
(…) sur un fonctionnement plus structuré avec une gestion des stocks millimétrée, la nécessité de générer automatiquement des commandes de réappro, de synchroniser les balances, les TPE, de mettre à jour les étiquettes rayons, etc.

Pourquoi le logiciel utilisé dans la phase précédente (ie « n’importe quel POS ») ne serait il pas capable de gérer un commerce coopératif de manière complète est fiable ?
Qu’est-ce qui différencie une activité de vente dans un super marché coopératif de l’activité de ventre dans un autre commerce alimentaire ?
( et, question subsidiaire, pourquoi passer un jour au statut coopératif ? )

La spécificité coopérative

le module de gestion du travail, avec toutes ses règles complexes d’équipes classiques et volantes, de pénalités, de congés, d’assouplissements sur certaines périodes, de statuts et de droit à acheter

C’est en effet la seule « brique » qui est spécifique et que l’on ne peu pas trouver open-source ou acheter. (en tous cas, quand on a fait le tour on a rien trouvé).
Le projet Grenoblois a décidé de développer cette brique applicative de zéro et de manière 100% bénévole et désintéressée. Technologie simple (PHP) périmètre simple (seulement celui ci) et aucune connexion au reste (volontairement).
Celui ci nous permet une grande souplesse (nouveaux développements rapides et gratuit) et une grande facilité d’utilisation pour tous.
NB: Nous avons à grenoble notre propre politique de gestion du bénévolat (pas d’équipe volante (tout le monde est volant), gel et dégel du compte possible, pénalité différentes, …)

Un exemple
Pour ne donner qu’un seul exemple, voici un cas concret.
Je le disais plus haut,

tout doit être à la portée de tout les membres.

C’est aussi valable pour l’ouverture ou la fermeture de l’épicerie. Mais on ne va pas faire 900 copie de la clefs du rideau !
Nous avons ajouté un boîtier à code à l’extérieur (50€) et développé une fonctionnalité pour que le code soit différent chaque jour et disponible sur l’espace membre de ceux qui en ont besoin. (5 à 10h de développement bénévole).
Combien de temps il aurait fallu et/ou combien aurait coûté l’ajout d’une telle fonctionnalité sur FoodCoops Odoo ?

Réinventer la roue
Non, heureusement il n’est pas nécessaire de tout réinventer.

interfaces balances, TPE, Achats, ventes, compta, gestion du frais, mailings, etc

Tout ceci existe déjà dans un nombre incalculable d’outils.
Mais pourquoi Odoo serait le meilleur de tous ?
Le meilleur outil n’est il pas celui qui nous correspond le mieux ?

Démesure
Il ne fait aucun doute que l’outil FoodCoops est une machine performante. Odoo est la référence ERP en europe non sans raison. Il est probablement très adapté à une entreprise comme la Louve.

L’un des 6 piliers de notre socle commun ici à Grenoble est la sobriété.
« Le projet se comporte avec retenue. Il resté mesuré, simple. »
Gratuit ou non, la dimension d’un tel outil ne nous correspond pas.
Faire développer à l’étranger car les développeurs Français sont trop chère et qu’aucun bénévole n’est capable de faire le travail n’est qu’un des signaux d’alarme pour nous.
Et nous n’aurons sans doute jamais les moyens financiers d’avoir un tel outil, car nous ne sommes pas sur un projet d’entreprise.

Pendant ce temps à Vera Cruz
Je suis aussi bénévole pour la monnaie locale à Grenoble. Le mouvement SOL, qui fédèrent les MLC sur le territoire Français, est sur un chantier de mise en commun d’un outil pour le passage au numérique des monnaies. Ce sont les même problématiques : tous les projets sont différents, à la fois dans leurs philosophies mais aussi dans leurs maturités et dans leurs capacités financières.
Chacun a déjà ses outils, parfois ils sont commun mais tous personnalisés, … Je suis curieux de voir ce qu’il va en ressortir.

A bientôt !

Bonjour à tous,

Je réponds partiellement, tellement de points soulevés j’ai le sentiment que ce thread va exploser les plafonds donc je vais essayer de faire dans la sobriété

Pour répondre à Pierre :

  • Pour les partages, Bordeaux et Toulouse ont travaillé sur de la doc et de notre côté nous partageons nos guides utilisateurs et des vidéos. Je peux en outre faire des vidéos sur commande. Je suis très peu sollicité par les coopératives, ce qui est dommage. Nous avons évoqué avec Olivier l’idée de faire des soirées montée en compétences par module
  • Pour l’échange de services c’est géré dans l’espace membres désormais
  • Pour l’ergonomie sur les souscriptions je ne vois pas du tout la nécessité de passer par un autre applicatif l’équipe Louve est montée en compétences en qq heures
  • Pour l’ergonomie plus générale, je suis preneur je l’avais déjà dit pour maquetter la fiche produit par exemple pour faciliter car à La Louve je n’ai jamais trouvé de membre prêt à lancer ce chantier et les salariés ne se sentent pas gênés. Sinon sur le travail des membres et sur les achats un énorme travail d’ergonomie a été fait cette année pour nous faciliter la vie
  • Sur l’inventaire il faut installer le module coop_inventory et coop_inventory by category pour plus d’ergonomie et nous envisageons le scan mobile mais le process actuel est largement délégué aux bénévoles
  • Sinon plus généralement sur les mises à jour on livre toutes les semaines donc difficile de se coordonner avec les coops qui ne sont pas hébergées chez Trobz et qui nécessairement se désynchronisent

Pour répondre à Gaëtan :

  • Ce n’est pas un gros mot d’être une entreprise, nous nous rattachons à l’ESS dont l’ambition est de fournir une alternative. Nos entreprises sont sans but lucratif et les actions sont détenues par les consommateurs
  • Développer à l’étranger : seulement la moitié du budget a été mise au Vietnam mais en admettant que c’est MAL (pour éviter de rentrer dans un argumentaire). On met 4000 € par mois + 350 € par coop pour l’hébergement. A côté de ça sur novembre La Louve fait 610 k de CA et Superquinquin 105k. Donc ce n’est rien (et on arrête les gros développements en janvier) par rapport à ce qu’on apporte à nos membres et aux autres coopératives à qui on ne demande pas de se « salir les mains »
  • La techno : Odoo est l’ERP Open-Source de référence et techniquement c’est un framework sur lequel les développements sont super rapides. Je ne peux pas répondre sur le temps d’implémentation de ta fonctionnalité car je ne sais pas ce qu’elle fait mais je peux te dire que si c’est simple à faire en PHP c’est simple à faire sur Odoo. La différence étant que si on le fait sur Odoo c’est disponible pour tout le monde.
  • Sur le coût, refaisons le point dans 3 ans et voyons combien vous avez dépensé par rapport aux coopératives qui ont adopté FoodCoops et voyons ce que vous avez en face comme fonctionnalités. 10k pour un ERP complet c’est rien, et le financement se fait quand vous avez les moyens

Sinon plus généralement, les grandes villes françaises ont une sociologie plutôt homogène, le modèle vient des US, on est en discussions avec la Belgique, la Suisse et l’Espagne. Je suis allé plusieurs fois à Grenoble et je n’ai pas l’impression que ses habitants aient trois yeux ou des écailles. Des centaines, voire des milliers d’initiatives similaires ont été lancées depuis des dizaines d’années. Dans le 18e à Paris il y a deux micro-coops à 500m de La Louve qui stagnent. Mes parents étaient membres d’une coopérative du même style dans les années 80 qui a duré six mois. Ce qui est réellement nouveau sous le soleil c’est que La Louve va être bénéficiaire en 2018 et atteindre les 6M de CA HT.
Donc c’est sympa de s’y investir et de participer à ce projet collectif, mais c’est surtout sympa d’aller y faire ses courses pour une participation minimale. La vraie ouverture, c’est d’intégrer différents types de populations à qui on offre un service concurrentiel par rapport aux autres offres. On permet à nos membres de rediriger leur argent vers un modèle plus respectueux et durable. Cela peut paraître réducteur mais l’indicateur principal est le chiffre d’affaires. On ne peut pas prendre tous les combats sur nos épaules, la viabilité des supermarchés coopératifs est précaire alors faisons les tourner d’abord et à chaque projet de décider de son degré de radicalité.
L’enjeu c’est de convaincre, de s’ouvrir pour que la plus grande part du budget des ménages soit détournée vers nos supermarchés. Tout le reste est secondaire. Nous proposons un modèle (Odoo n’est qu’un élément facultatif) qui a fait ses preuves et pour la grande majorité de vos membres, c’est déjà pas mal. Les autres objectifs (l’open-source, faire participer des développeurs bénévoles pour ne parler que d’ERP) doivent être remis à leur place tant que la viabilité de votre supermarché n’est pas sécurisée.

Pour moi le « tout doit être à la portée de tout les membres » est clairement une fausse bonne idée. Les membres ont surtout envie de venir faire leurs courses tranquilles et pas de venir toucher à votre PHP.

3 messages ont été déplacés vers un nouveau sujet : Pourquoi une coopérative?

Modération: J’ai déplacé le début de discussion sur les statuts coopératif dans un nouveau sujet, dans la partie « Juridique »!

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@simon.jejcic Merci pour ta réponse qui va dans mon sens

Il existe plusieurs modèles de super marché coopératif

Je comprend le modèle Louve, et j’espère que les Parisiens continuerons à plébisciter en masse cette alternative plutôt que la grande distribution classique.

Mais ce modèle, si performant et différent soit il, n’est pas celui du projet des Grenoblois de l’éléfàn.
La différence fondamentale avec le modèle porté par la Louve est la place et le statut que l’on donne à nos membres.

Notre projet, si modeste soit-il, est viable depuis l’ouverture de l’épicerie en 2017. Notre (petit) chiffre d’affaires 2018 est 350k€. Comme cet objectif de viabilité économique est déjà rempli, le projet ce concentre sur la co-construction. Il propose à ses membres de co-construire un modèle local.
Cette participation est au coeur du projet, c’est la raison d’être même.
Nos membres n’adhérent pas pour « un service concurrentiel ». Ils adhérents pour co-construire un modèle alternatif qui leurs ressemble.
Je ne sais pas si les Grenoblois on des écailles sous leurs anorak Quechua, mais je sais que ce n’est pas les prix bas de l’éléfàn qui font briller leurs yeux.
Et si ce modèle local de super marché échappe un jour a l’idée initiale qu’en avait ses fondateurs c’est tant mieux.
L’activité de super marché n’est qu’un support pour cette aventure humaine. (oui vous avez bien lu)

Je comprends que ce soit difficile de l’admettre, mais d’autres modèle de super marché coopératifs sont possibles.
Tous sont des alternatives préférables aux modèles de grande distribution, mais chacun peux porter un idéal et un objectif différent.

Pour revenir au sujet : petit calcul de coin de table, (aidez moi a corriger/compléter pour avoir les vrais chiffres)

  • Louve + Superquinquin = 8000 + 1400 coopérateurs ? (chiffres ?)
    Coûts mensuel FoodCoops = 250x2 + 300x2 = 1100€ /mois (hébergement + support)
    -> Coût mensuel par coopérateur : 0,12€
  • Grenoble 700 adhérents
    Coûts mensuel App membres + ERP-POS = 230€ /mois (tout compris, dont la location matériel)
    -> Coût mensuel par membre : 0,32€
    -> Coût mensuel si FoodCoops par membre = 600€/700 = 0,86€ (avec matériel acheté amorti sur 5 ans = 50€ /mois )

C’est du coin de table, et voici quelques limites importantes :

  • Aucune économie d’échelle n’est possible avec le modèle Grenoble.
    La mutualisation n’apporterait rien financièrement. Un plus grand nombre de membres ne viendrait pas réduire les coûts non plus car il demanderai plus de caisses et donc des frais mensuel plus important.
  • Je ne connais pas les coûts matériel FoodCoops (balance, scanettes, poste fixe, …), ils ne font donc pas partis des calculs
  • J’accepte de ne pas « amortir » les coûts de développement de FoodCoops et de le considérer comme un produit sur étagère.
  • Je pars du principe que toutes le fonctionnalités existent dans les deux systèmes, mais un tableaux comparatif précis serait top.
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Salut Gaetan,

J’estime coût matériel informatique d’une caisse Louve à 1300€ mais c’est à vérifier. Après on parle là d’une configuration assez luxueuse, les coopératives qui le souhaitent peuvent couper largement dans ce budget.
Pour les balances c’est 2000 € pièces, ce sont des balances rayons, on ne fait pas de pesée en caisse. Voici une vidéo datant d’un an qui présente le dispositif. On a depuis ajouté deux caisses et l’accueil s’est déplacé à l’entrée principale.

Voici un lien vers des factures de matériel, à noter que les scanners datalogic 9200 ne sont pas utilisés.

Sinon pour les coûts FoodCoops j’ai vérifié c’est 300€/mois pour l’hébergement mais même sans contribuer au développement il faut prévoir un budget annuel de support disons 3000 €. Et les deux tranches de mutualisation de 5 000€.

Les 4000 €/mois sont du développement, on a terminé quasiment mais à prévoir des coûts récurrents de maintenance évolutive et surtout de migration disons 50-60k tous les deux ans pour monter de version Odoo. Ces coûts là ne sont pas à intégrer dans le budget des coops, ce sont des coûts mutualisés et supportés par La Louve et les grosses coopératives.

Donc effectivement c’est un budget significatif mais les arguments principaux :

  • FoodCoops est maintenant un produit sur étagère qui gère tous les aspects de la coopérative (sauf la paye) sans R&D
  • gains de temps d’avoir tout dans le même outil et tout à été fait pour faciliter la vie des utilisateurs, notamment salariés. Ce qui permet à La Louve de tourner avec 8 salariés pour 6M CA annuel tranquillement
  • mutualisation entre les coops, on partage un outil et des processes, tout le monde parle le même langage ce qui permet de structurer les coopératives

J’espère qu’on arrivera un jour au stade où on peut proposer Odoo en SaaS et avec suffisamment de participation pour que l’outil puisse être financé en pourcentage de CA.

Bonne journée,

Simon

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Bonjour à tous,

Thread très intéressant, merci Simon d’avoir levé le sujet.
Je vais donc donner l’avis de Supercoop qui utilise Odoo en production depuis maintenant Avril 2017.

Les choix et la solution proposée par La Louve sont de mon point de vue une solution vraiment intéressante autant sur le fonctionnel car cela répond pleinement au cahier des charge FoodCoop qui est notre modèle que d’un point de vue technique.

A posteriori il me semble que la solution la plus simple est de partir tout de suite sur l’ensemble du périmètre proposé par la Louve et dans les conditions proposées par la Louve, mais alors se pose le problème que nous avons depuis le début : le financement.

Le choix de Supercoop a été d’intégrer en douceur et petit a petit les briques proposée en OpenSource sur notre propre serveur, et nous en sommes toujours là. Cette solution est peu coûteuse mais nécessite une petite équipe IT compétente et surtout qui a du temps a consacrer au projet et sur le temps long afin de ne pas avoir a gérer les pertes de compétences et la formation de nouveau bénévoles.

Aujourd’hui Supercoop fait 50 KEuros de CA par mois en moyenne en progression régulière pour 900 coopérateurs, et au final ce choix n’est pas soutenable car il n’est pas possible de suivre le rythme de livraison et de modification des modules du repo foodcoop.

Nous sommes donc sur une solution qui fonctionne bien mais qui est bloqué en version depuis 1 an et que nous maintenons en marchant sur des œufs.

Le seul avantage est qu’il est simple d’adapter la solution aux contraintes qui nous sont propres autant techniques que fonctionnelles. Par exemple nous avons publié une mercuriale en mode portail Odoo pour les « Parts-D » qui sont des partenaires de type association ou organisation avec qui nous avons une convention qui leur permet de consommer dans la magasin contre un service. Cette fonctionnalité n’existe pas dans le modèle FoodCoop proposé, nous avons juste détourné notre installation pour le mettre en oeuvre, mais est-ce possible lorsque on rejoint le socle commun? Comme dit dans le thread, il y a des fonctionnement qui peuvent être légitimes mais qui ne sont pas prévu à Paris, comme par exemple en province la multiplicité des fournisseurs pas bien pris en charge dans Odoo, La Louve n’ayant pas ce problème en réduisant drastiquement les fournisseurs dans la logique de Paris. Pour nous la gestion des commandes et de la facturation fournisseur n’est pas optimale tel qu’elle existe.

Ou nous en sommes, revenir sur la plateforme commune et l’hébergement mutualisé n’est plus une question de choix : c’est devenu une nécessité pour la sécurité de fonctionnement du magasin.

Mais nous butons toujours sur le financement, au démarrage d’une coopérative comme la notre, nous sommes en permanence sur le fil du rasoir avec un peu de tréso, mais il n’est pas possible d’investir, et de toute façon nous n’avons pas prévu d’être a l’équilibre avant mi-2019 pour un magasin ouvert en Mai 2018.

D’autre part trouver des financement sous forme de subvention est devenu vraiment compliqué… pour le moment nous n’en avons pas obtenu.

Côté utilisateurs la prise en main Odoo n’est pas toujours évidente particulièrement pour les achats et la gestion de stock, et lorsque on sort de la plateforme commune on perd bcp de temps sur une utilisation inadéquate de l’outil, car et c’est normal, il n’est pas question de déranger la Louve pour avoir du support fonctionnel.

Donc en synthèse la solution est une bonne solution a condition de ne pas s’éloigner de la plateforme commune.
Le ticket d’entrée sur la plateforme commune est un vrai problème même si il est justifié. De mon point de vue cela devrait être comme dit plus haut par Simon proportionnel au CA et dans tous les cas je ne vois pas comment une Coop peut se lancer sans financement bancaire avant même d’être à l’équilibre ce qui pose le problème de l’œuf ou de la poule! :wink:

Enfin une fois avoir accepté le modèle et trouvé le financement il reste posé le problème du fonctionnement et de la gouvernance d’une plateforme mutualisé que j’appelle de mes voeux. Sur ce point là nous n’avons pas bcp avancé depuis 2017 et c’est dommage.

Coopérativement.

./Fred

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Hello Frédéric,

Merci pour ton message, je réponds sur trois points :

  1. ticket d’entrée sur la plateforme : il n’y a pas de ticket d’entrée. Je vous encourage à rejoindre la plateforme même sans participer à la mutualisation pour l’instant. Cela évite en effet de gérer vous même les montées de version et sécurise l’exploitation.
  2. il n’est pas question de déranger la Louve pour avoir du support : je suis à votre disposition pour répondre à vos questions sur FoodCoops
  3. la gouvernance : pour l’instant La Louve finance quasi-exclusivement. On ne peut pas rajouter une couche de participation juste pour le plaisir de vous faire plaisir. Lorsque nous aurons un système réellement mutualisé avec des coops en démarrage payant un montant minimal et les grosses coops finançant les développements il faudra une gouvernance plus collective.

Bonne journée,

Simon

Et pour répondre sur la liste des fonctionnalités, je vous ai préparé une looongue vidéo de présentation générale de ce que fait Foodoops.

A bientôt,

Simon

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Bonjour,

Je saute dans l’arène et j’aimerais donner le point de vue de Breizhicoop, à Rennes.
Notre projet existe depuis maintenant 2 ans et dès le début la question « Odoo ou pas Odoo » c’est posée. Nous avons donc étudié la situation en profondeur pour venir à la conclusion que le modèle Odoo Food Coop, aussi génial et polyvalent soit-il, ne convenait pas à nos besoins, et voici les raisons.

1. Trop risqué. Le coût de son développement à long terme est exorbitant, même si le ticket d’entré est en apparence très faible. Il y aura toujours des développements nécessaires, des montés en versions, etc. Ça nous a semblé rapidement être un gouffre financier. Au final, on a pris un prestataire de caisse (Vracoop) qui coûte 50 euros/mois + achat du matériel (5000 euros) et c’est tout ! Le logiciel de gestion des membres proposé par Grenoble est très efficace et 100% gratuit. En définitive, les frais fixes sont très bas.

2. Peu de support. Odoo est une gros logiciel difficile à prendre en main et qui nécessite plusieurs experts. C’est complètement à l’opposé d’un modèle qui se veut décentralisé et facile à prendre en main pour tous. Pour avoir visité plusieurs supermarchés coopératifs qui utilisent Odoo, c’est une vraie galère pour la plupart des bénévoles, autant à la caisse qu’aux achats.

3. Flexibilité. Il nous a semblé plus prudent de séparer le logiciel de caisse (gérer par un prestataire, donc jamais de soucis) et un autre logiciel de gestion des membres. Celui proposé par Grenoble est très polyvalent et son développement peut facilement être mutualisé, car il n’est pas soumis à une réglementation (comme Odoo).

4. La gouvernance.

C’est exactement le genre de discours qui nous a dissuadé d’embarquer dans Odoo avec La Louve. L’ERP est un choix crucial pour un commerce, c’est très difficile de revenir en arrière. Alors qui aurait envie de s’embarquer avec des gens qui affichent clairement leur hostilité aux besoins des autres ? Bien sure le logiciel est offert gratuitement, mais ça me semble être un piège qui se refermera sur ceux qui auront mis le pied dedans.

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Hello,

Tu fais bien de « sauter dans l’arène » l’idée de ce post était justement de faire ressortir les différents points de vue.
Sur le dernier point on est plus sur de la discussion de facebook live sur un rond point. Une sorte de complot de la grande distribution qui financerait La Louve pour étouffer les gentils projets citoyens… Nous avons un budget et nous l’utilisons comme il nous semble opportun, aucune raison pour nous de se lancer dans de la comitologie avec ceux qui ne souhaitent pas mutualiser avec nous. Je me concentre donc sur les autres points qui sont plus intéressants.

  1. Trop risqué. je ne conseillerais jamais à une petite coop de se lancer seule sur Odoo. Je suis arrivé à La Louve il y à quatre ans, j’étais expert Odoo et La Louve venait de décider de mettre en place Odoo. L’objectif ERP était à l’image du projet de La Louve, très ambitieux. Nous n’avons pas réfléchi notre modèle pour le faire tourner en mode bidouille. L’idée était de monter un vrai supermarché, dans lequel les membres pourraient faire toutes leurs courses car seuls quelques militants vont se flageller sur le long terme à devoir travailler pour avoir le droit d’acheter des pâtes et du radis noir. Quatre ans plus tard nous avons réussi au-delà de nos attentes, sur Odoo comme sur le projet dans son ensemble. Le contexte est donc très différent pour les coops qui se lancent, elles bénéficient d’un outil déjà développé et d’une communauté. C’est viable sur le long terme puisque c’est l’outil de La Louve qui a les moyens d’assurer seule la maintenance et les migrations. On peut maintenant proposer l’outil aux autres coopératives pour les aider à se structurer. Au stade de Breizhicoop qui lance sa surface intermédiaire c’est à mon avis une erreur de ne pas en profiter mais chacun voit midi à sa porte.
  2. Peu de support. Il est faux de dire qu’Odoo est complexe à utiliser sur la caisse. La plupart de nos membres le maîtrisent et il y a très peu d’erreurs. Sur les achats La Louve a toujours indiqué que c’est une tâche complexe à déléguer aux membres. Vous reportez sur Odoo la responsabilités de difficultés qui sont liées à votre décision de démarrer avec peu ou pas de salariés. Nous avons toujours dit que les achats sont un vrai métier et le principal enjeu de la coop. Nous déléguons uniquement les fromages à un supermembres, tous les autres achats sont confiés à des salariés qui se font aider pour diverses tâches (pointage, assistance saisie). Sur le support à proprement parler je fais des vidéos et je partage tout ce que je peux, Bordeaux et Toulouse jouent vraiment le jeu de la mutualisation, La Louve propose des formations aux projets qui le souhaitent et je suis très disponible pour ceux qui ont besoin d’aide.
  3. Flexibilité. La gestion des membres est presque aussi critique que les ventes. C’est notre cœur de métier et ce n’est pas à sous-estimer. Il y a un tel besoin de rigueur et d’ergonomie que je ne conçois pas de déléguer son développement à des bénévoles. La Louve a toujours fait preuve d’humilité, Tom a fait un film sur la ParkSlope et les salariés y sont allés avant de démarrer le magasin. Notre outil n’est pas inspiré par la perception de bénévoles au démarrage d’un projet mais par la longue expérience de PSFC et par de multiples améliorations apportées l’ouverture. Plus de 3000 membres sont venus travailler au magasin en novembre. Sur le débat 1 outil vs. multi-outils tu oublies de mentionner les avantages du « monolithe » : un seul login, une seule ergonomie, pas de duplication de données, possibilité d’utiliser les données de la gestion des membres pour les ventes (statut en temps réel sur le POS, délai de grâce ou extensions accordés pour acheter, etc.) et surtout une seule équipe de maintenance ce qui permet de considérablement sécuriser l’exploitation.

La Louve a dès le départ bénéficié d’un budget important pour lancer son supermarché et d’un téléphone rouge avec PSFC. Depuis, plein d’autres projets ont émergé et nous essayons de les soutenir. Mais il y a bien un modèle Louve/PSFC qui est fait de pragmatisme et de professionalisme. D’autres projets veulent inventer leur propre modèle et c’est tant mieux. Nous pensons que le modèle que nous proposons est plus efficace économiquement et politiquement. Nous n’avons même pas à en débattre si cela froisse certains le débat se règlera tout seul lorsque tous les projets auront du recul sur leur exploitation.

Le forum est un lieu d’échanges et veillons à ce qu’il ne se transforme pas en terrain d’affrontement. Nos divergences ne doivent pas masquer le fait que nous partageons l’envie de se réapproprier notre consommation.

Bonne soirée,

Simon

Bonsoir,

Merci beaucoup pour cette vidéo holistique Simon, vraiment très intéressante.

Coopérativement,

./Fred

@Ali de Renne,

Content de voir que vous ouvrez bientôt votre magasin en 2019, votre site montre qque photo, cela à l’air prometteur. J’ai cru comprendre que vous êtes qques centaines d’adhérents et moins de 100 coopérateurs, le passage à l’échelle est un vrai challenge, c’est la que les procédures internes et le SI doivent faire leur preuves!
Gardons nous de nous envoyer des anathèmes les uns les autres, soyons plutôt dans la bienveillance et l’entraide, nous en aurons tous besoins! :wink:

Bon courage,
./Fred